AXE 1 • La relation formation-emploi-travail face aux transformations du pilotage et de la gouvernance des systèmes de formation et de certification

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Voie professionnelle et apprentissage, des investissements et des transformations sans précédent

Au cœur de ce premier axe on trouve des travaux sur la voie professionnelle : pour étudier le fonctionnement et les effets des formations en apprentissage ou pour capitaliser les effets des PIA.

Comprendre les transformations récentes de l’apprentissage

La réforme de 2018 mais aussi le dispositif « Un jeune, une solution » ont contribué à une explosion du nombre d’apprentis et à une transformation de cette voie de formation. L’étude réalisée par le Céreq, à l’initiative de la CFDT avec un financement de l’Ires, et mobilisant données de la Dares et travail de terrain, a permis de mettre en lumière un nouveau paysage. C’est évidemment l’augmentation des volumes qui est pointée : entre 2017 et 2021 ce sont quasiment deux fois plus de contrats, mais aussi deux fois plus d’entreprises utilisatrices et d’organismes de formation. Mais c’est surtout, les transformations à l’œuvre qui sont soulignées : place accrue de l’enseignement supérieur, développement des formations visant des certifications relevant du privé, apparition d’entreprises nouvellement utilisatrices et d’organismes de formation tout juste créés.

Dans ce contexte redessiné, les points de vigilance sont nombreux, tant du côté du fonctionnement des CFA, que du côté des entreprises et de possibles effets d’aubaine ou encore du côté des jeunes bénéficiaires. La massification de l’apprentissage n’est pas une garantie de démocratisation comme en témoignent les pratiques de sélection privilégiant les jeunes issus des milieux socio-économiques les plus favorisés. Cette massification se traduit aussi en termes d’augmentation de ruptures de contrats. Une étude conduite sur l’Île-de-France a permis de mieux les comprendre en complétant les données chiffrées par des entretiens, appréhendant ainsi les causes et motifs de ces fins de contrats. Dans les changements, on peut noter que pour certains jeunes étudiants du supérieur c’est un moyen pour financer leurs études, le choix de l’apprentissage passant alors avant celui de la filière ou du métier.

D’autres travaux sur l’apprentissage sont d’ores et déjà engagés et vont se poursuivre en 2026. Ils permettent d’aller plus loin dans la compréhension du mode de fonctionnement de cette voie de formation en s’intéressant en particulier, grâce aux données de l’enquête EFE et de la Dares, aux entreprises qui embauchent ou non les jeunes à l’issue de leur apprentissage. ou encore à la qualité de l’apprentissage, dans le cadre d’un travail conduit avec France compétences. Concernant, l’étude des effets de l’apprentissage sur l’insertion professionnelle, le Céreq a depuis longtemps contribué à mettre en avant la plus-value de l’apprentissage, mais aussi les différenciations qui s’observent entre l’enseignement secondaire et le supérieur. Par ailleurs, des analyses conduites cette année s’intéressent aux jeunes apprentis qui sortent de formation sans avoir obtenu leur diplôme et montrent que la plus-value existe également pour eux. Elles mettent aussi en avant l’effet positif de l’apprentissage sur l’autonomie résidentielle des jeunes. Des réflexions vont se poursuivre auprès des apprentis sortis de l’enseignement supérieur en tenant compte des certifications obtenues et auprès des jeunes qui, après avoir arrêté leurs études, décident de les reprendre en utilisant la voie de l’apprentissage. Enfin, l’exploitation des données de Génération 2021, enquête 2024 auprès des sortants de 2021 permettra d’approfondir les résultats jusqu’alors observés.

Capitaliser les effets des programmes d’investissements en faveur du développement de la voie professionnelle

Depuis 2010 et le premier Plan d’investissement d’avenir (PIA), jusqu’au programme France 2030 démarré en 2021, la voie professionnelle est la cible d’ambitieux programmes destinés à la transformer l’appareil de formation, pour répondre aux besoins en compétences. Dans ce cadre, le Céreq - à la demande du Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) - est engagé dans deux projets avec pour méthodologie une approche mixte quanti-quali. Le premier porte sur l’évaluation des effets du financement PIA sur les Campus des métiers et des qualifications (CMQ), notamment autour de l’objectif attendu de renforcer la création de partenariats. Cette politique vise à fédérer durablement au sein des CMQ une diversité d’opérateurs pour développer de nouvelles formes pédagogiques, pour assurer la réussite des parcours de formation et pour construire à l’échelle des territoires les compétences de demain. Le second projet a pour objectif de mener une réflexion sur les actions engagées et en faire émerger les pratiques innovantes afin d’accélérer l’adaptation des formations. Une première analyse, fondée sur une revue documentaire et une trentaine d’entretiens, s’est attachée à mettre en avant les dynamiques d’élaboration des programmes. L’étude des processus d’instruction et de sélection des projets lauréats donne à voir comment ces outils jouent un rôle dans la régulation de la politique publique, tout en octroyant des espaces de débats et des marges de manœuvre aux acteurs. Les travaux se poursuivent, notamment sur la façon dont l’offre de formation et de certification s’adapte au mieux aux besoins et sur l’implication des entreprises dans cette dynamique.